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Droits de l’homme en Côte d’Ivoire, quel bilan?

Lancement régional du rapport annuel d'Amnesty International. Crédit photos: Vendome A.
Lancement régional du rapport annuel d’Amnesty International. Crédit photos: Vendome A.

Abidjan, la perle des lagunes a abrité le 24 février dernier le lancement régional du rapport annuel d’Amnesty International. L’occasion de faire le point sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Un peu de kpakpatoya ne faisant pas de mal, je m’y suis également rendue ; histoire de connaitre la situation des droits de l’homme en Afrique de l’ouest et en Côte d’Ivoire en particulier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le continent africain, l’on assiste impuissant à une restriction généralisée de la liberté d’expression et au culte de l’impunité. Idem pour le droit des femmes et des filles à l’éducation et aux services de santé sexuelle et reproductives.
L’exemple de la Sierra Leone où des milliers de jeunes filles enceintes ont été interdites de fréquenter les lycées ou de participer aux examens, relevé par monsieur Alioune Tine Directeur exécutif du bureau régional de Dakar illustre bien cette situation.
Il y a tellement à dire… Mais je me limiterai à la Côte d’Ivoire…

Procès et arrestations arbitraires

Monsieur Kokou Hervé Delmas, Directeur exécutif d’Amnesty international Côte d’Ivoire est revenu sur le fonctionnement de la justice, les arrestations arbitraires et les atteintes à la liberté d’expression et de réunion.
Le procès en assises des 78 pro-Gbogbo, dont 18 ont été acquittés, a fait l’objet de critiques dans ce rapport. L’observateur d’Amnesty international s’est en effet insurgé contre le fait que la seule voie de recours proposée aux condamnés soit le pourvoi en cassation, qui porte uniquement sur les faits de droit; ce qui est contraire au droit d’interjeter appel auprès des juridictions supérieures pour les condamnations pénales. « Il y avait trop de compromis dans cette affaire et la Cour d’Assises n’a pas fourni de textes à l’égard de la décision. Le droit de recours a été d’autant plus compromis dans cette affaire que la cour d’assises n’a pas fourni le texte intégral de sa décision».
Le second point qui a retenu mon attention porte sur les arrestations arbitraires. « Il y a eu beaucoup d’arrestations et de détentions arbitraires au cours de l’année 2015 ». L’ONG en a retenu trois : l’arrestation au cours du mois de mai de trois cadres du FPI. Le ministre Danon Djédjé, et Justin Koua responsable de la jeunesse du FPI ; tous deux inculpés pour violation d’une décision de justice, violation et voie de fait sur les forces de l’ordre, rébellion et atteinte à l’ordre public. Ils avaient organisé la fameuse Assemblée Générale de Mama qui avait élu Laurent Gbagbo président du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Si le ministre Danon Djédjé est en liberté provisoire, Koua Justin, à ce jour, est toujours en détention au camp pénal de Bouaké dans l’attente d’un jugement.
Le ministre Hubert Oulaye quant à lui a été accusé d’homicide de militaires de l’Onuci en 2012. Il est à ce jour incarcéré à la prison de Dabou.
De septembre à octobre 2015, Amnesty International a dénombré une cinquantaine d’arrestations dues à des manifestations pacifiques mais non autorisées. A ce jour, une vingtaine d’entre eux croupissent dans les prisons ivoiriennes. « Nombre d’entre elles ont été victimes de mauvais traitements et maintenues en détention au secret pendant plusieurs semaines ». Peut-on lire dans le rapport.
Le cas le plus marquant est celui de Samba David président des indignés de Côte d’Ivoire qui avait également organisé des marches pacifiques. Arrêté à son domicile, saccagé au passage, il a été détenu au secret pendant deux jours, sans pouvoir consulter un avocat ni bénéficier de soins médicaux.
Inculpé pour atteinte à l’ordre public, discrédit d’une décision judiciaire et complicité dans la destruction de biens, il a été jugé et condamné à six mois de prison. Puis, détenu une nouvelle fois au secret pendant deux mois, avant d’être transféré à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), où il purge sa peine.

Liberté d’expression, de réunions et état des prisons ivoiriennes

Amnesty International dénonce l’interdiction de plus d’une dizaine de manifestations organisées par des ONG et le principal parti d’opposition. « Des gaz lacrymogènes et des matraques ont été utilisés pour disperser les manifestants ». 80 personnes ont été arrêtées à travers toutes la Côte d’Ivoire. Une bonne partie des personnes arrêtées sont encore en détention dans l’attente de leur procès.
Le bilan des prisons ivoiriennes n’est pas des plus reluisants. « Les prisons ivoiriennes sont surpeuplées. A commencer par la Maca et les autres prisons. Il y a un nombre élevé de prisonniers dans ces endroits. Les conditions sanitaires sont défavorables, sont à déplorer. Il y a une absence totale d’infrastructures médicales dans toutes ces prisons. La non séparation des enfants et des adultes et la forte surpopulation ».

Une bonne nouvelle

Au milieu de ce chaos, l’approbation par le Parlement à l’unanimité, en mars, de deux projets de loi visant à supprimer la peine de mort du Code pénal et du Code de procédure pénale. Elle avait été abolie en Côte d’Ivoire par la Constitution adoptée en 2000.
Ouf ! Une bonne nouvelle ! J’ai eu peur !
Shalom !


Quand on t’envoie, faut savoir t’envoyer

Tribunal militaire d'Abidjan, box des accusés
Tribunal militaire d’Abidjan, box des accusés. Crédit photo Babeth B.

« Quand on t’envoie, faut savoir t’envoyer ». Cette célèbre maxime bien connue des Ivoiriens, sortie tout droit de l’esprit luxuriant de l’intrépide Gbagbo écroué à la Haye, n’a jamais été aussi vraie. J’ai assisté à plusieurs procès liés la crise post-électorale. Ils m’ont tous laissée sans voix. La justice de mon pays… Wallaye… Elle me fait peur…

J’ai tellement peur que j’ai décidé de mettre balle à terre et de tendre la joue gauche à celui qui me frappe sur la joue droite ! C’est une grande décision quand on sait que mon affaire ne reste jamais à l’étranger… Enfin… Quelquefois…
J’ai passé près d’un mois au tribunal militaire d’Abidjan sis à l’Etat-major, immergée dans le procès des assassins présumés du Général Guéi Robert, qui a eu la bonne idée d’offrir en 1999 comme cadeau de noël aux ivoiriens, un coup d’État émergeant, qui lui a d’ailleurs valu le surnom de Guéi Noël.
Ma conclusion est la même ! Dans ce pays, tu peux te faire arrêter, et jeter en prison sur un simple kpakpatoya mal placé… !?

Des inculpations sur Ouï-dire

Le fait m’avait déjà frappé pendant les assises qui ont débouchées sur la condamnation des ténors du Front Populaire Ivoiriens (FPI) au rang desquels figure l’ex première dame Simone Ehivet Gbagbo qui s’est vu offrir un aller simple pour la gendarmerie nationale pour un séjour de 20 ans, tous frais payés bien entendu. Une pléthore de griefs ; à savoir atteinte à la sûreté de l’État, atteinte à la défense nationale, rébellion, constitution de bande armée, xénophobie, tribalisme ont été instruits à charges puis rapidement abandonnés par le parquet général, face au manque criard de preuves.
Des témoignages contradictoires basés dans leur grande majorité sur des « je ne l’ai pas vu, mais je sais que c’est elle », « Je crois que c’était elle », « On m’a dit qu’il était là » ; c’était hallucinant ! Drôle par le ridicule, mais tout de même hallucinant et révélateur des pratiques et des lacunes de la justice ivoirienne.

Le plus incroyable, c’était l’histoire des anonymes. Ceux dont les médias n’ont cure. Des jeunes gens arrêtés parce que désignés par une voisine rancunière, qui attendait l’opportunité de tirer vengeance des rivalités politiques dans le quartier. Ces trois frères, de jeunes étudiants qui se sont vus embarqués dans ce procès pour avoir voulu porter secours à l’un des leurs arrêté par les FRCI pour on ne sait trop quel crime.Ou encore ce policier, avouant à la barre avoir incriminé son collègue et ami, pour sauver sa vie des FRCI qui s’apprêtaient à l’immoler à condition qu’il cite un pseudo complice avec qui il aurait commis une hypothétique infamie. Une histoire tellement glauque que le juge lui avait ordonné de demander pardon à cet ami qui avait quand même passé trois longues années en prison pour cette charge . Des gens inconnus, innocents, victimes de calomnies…

Le même scénario s’est déroulé au tribunal militaire dans l’affaire de l’assassinat du Général Guéi Robert, déniché des sous-sols de la cathédrale Saint Paul du Plateau, de son épouse Doudou Rose Guéi assassinée à leur domicile et des éléments de sa garde rapprochée le 19 septembre 2002 en plein Coup d’Etat.

L’histoire se répète avec des acteurs différents

Vingt-quatre militaires avaient été mis en accusation pour ces crimes. Parmi eux, deux vedettes. Notamment, le Général Dogbo Blé Bruno, surnommé par ses fans « Général courage », avec deux condamnations post crise à son actif et le Commandant Séka Yapo Enselme dit Séka Séka, déjà condamné à 20 ans de prison ferme, qui selon le rapport d’un certain Ouattara Moustapha, médecin psychiatre « a une dextérité à dévier les choses, a une personnalité de mythomane, n’a aucun sentiment envers les autres et a tendance à les rabaisser plus bas que terre continuellement. Il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Il a un comportement impulsif et ne ressent aucune culpabilité. Le mensonge est son oxygène, il a besoin de ça pour exister… ». Il était très fâché après la lecture de ce rapport…

Commandant Séka Yapo Enselme dit Séka Séka à la sortie du tribunal. Condamné à la prison à vie pour la Mort du Général Guéi, de son épouse et des élément de sa garde rapprochée. Crédit Photo Babeth B.
Commandant Séka Yapo Enselme dit Séka Séka à la sortie du tribunal. Condamné à la prison à vie pour la Mort du Général Guéi, de son épouse et des éléments de sa garde rapprochée. Crédit Photo Babeth B.

Bref ! À la fin de la phase d’instruction, et des débats, une seule question m’est venue à l’esprit : Les missions exécutées par des militaires sur ordre de leurs supérieurs hiérarchiques en temps de crise, sont-elles constitutives d’infractions ? Cette question était l’une des problématiques de ce procès. Au regard de l’article 7 du Code de la fonction militaire, qui dispose que « le militaire doit à ses chefs une obéissance entière et de tous les instants ». En outre le militaire qui n’obéit pas aux ordres de son chef, court le risque d’une poursuite pour violation de consignes.

Je me suis posée cette question parce que la majorité des personnes accusées de complicité d’assassinat (13 au total) sur la personne du feu Général et de ses proches, l’ont été pour leur présence effective ou supposée à la cathédrale ou au domicile de ce dernier le jour de leur arrestation.
Le juge Tahirou lors de leurs différents passages durant l’instruction, avait reproché aux dénicheurs du Général Guéi de l’avoir remis au Général Dogbo Blé comme ils l’affirmaient. En vérité, il leur reprochait de ne pas avoir su s’envoyer. « Vous auriez dû dire que vous ne l’avez pas trouvé ! Ah ! Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer…». Ah bon !? Alors que l’on exige du militaire une obéissance entière et une soumission de tous les instants à son supérieur ? Alors que les décisions dudit supérieur doivent être exécutées sans hésitation ni murmure ? Alors que la réclamation n’est permise au subordonné que lorsqu’il a obéi ?

Général Dogbo Blé Bruno condamné à la prison à vie pour complicité d'assassinat sur la personne du Général Guéi Robert, de Son épouse et des éléments de sa garde rapprochée, son avocat après le verdict. Crédit photo Babeth B.
Général Dogbo Blé Bruno condamné à la prison à vie pour complicité d’assassinat sur la personne du Général Guéi Robert, de Son épouse et des éléments de sa garde rapprochée, avec son avocat après le verdict. Crédit photo Babeth B.

S’il est interdit d’exécuter des ordres manifestement illégaux, se retrouver lors d’une mission de ratissage dans la commune du Plateau en plein coup d’État, à la cathédrale ou au domicile du Général avec ses supérieurs, avoir été sur les lieux de l’arrestation de celui-ci (apparemment soupçonné d’avoir trempé dans ce coup d’État) fait-il de ces militaires des coupables ?
La réponse du commissaire du gouvernement Ange Kessi de qui l’on a entendu des vertes et des pas mûres, m’a laissée sans voix ! « On ne peut pas être là où son patron était et dire que l’on n’a rien fait » ! Ah bon ? C’est un raisonnement juridique ça ? Mais est ce que moi je lis dans cœur de mon patron ?

Je l’ai vu ! Ah bon ? Hop ! Au goulag

Mais pourquoi ai-je été surprise ? Un procès dans lequel la preuve testimoniale fut seule maitresse des débats. Des témoignages parfois incohérents qui ont désorienté l’assistance. Des accusés inculpés sur la parole d’une seule personne prétendument à Tunis ; que le parquet a été incapable de faire comparaitre même par téléconférence alors que l’administration ivoirienne en a les moyens.
Des accusés s’accusant et se récusant au gré du vent et selon leurs humeurs. Déclarant tantôt que les aveux devant la gendarmerie doivent être ignorés ou que ceux devant le juge d’instruction étaient mensongers. Ou même attestant avoir signé des dépositions sous la contrainte et par peur pour leur survie…

Maplé Gnéka avait piqué une crise d'hypertension à la barre traumatisé par l'interrogatoire du juge. Il a participé au pillage de la résidence du Général mais à été déclaré non coupable pour les faits de complicité d'assassinat
Maplé Gnéka avait piqué une crise d’hypertension à la barre traumatisé par l’interrogatoire du juge. Il a participé au pillage de la résidence du Général mais à été déclaré non coupable pour les faits de complicité d’assassinat. Crédit photos Babeth B.

Des militaires mis en accusation pour excès de zèle.

C’est le cas de Kouamé Jean Koudou accusé de complicité d’assassinat sur la personne du Général, alors qu’au moment des faits, il sirotait du Koutoukou (boisson ivoirienne) dans une buvette de son quartier. L’un de ses coaccusés, Koné Kilogninama aurait assuré devant le juge d’instruction que ce dernier était avec lui à la cathédrale. Appelé à la barre pour une confrontation, ce dernier nie les faits. « Monsieur le président quand on m’a demandé, j’ai dit je ne sais pas s’il était là-bas ». Propos confirmés par les procès-verbaux.
Le Sergent Sokoudé par ailleurs son supérieur avait également déposé comme témoin contre lui devant le juge d’instruction : « Koudou, je ne l’ai pas vu là-bas. Mais il faisait partie des ténors qui faisaient du zèle à la garde républicaine ». Et on arrête quelqu’un pour ça ? Eh bien oui ! Dans la Côte d’Ivoire émergente à l’orée 2020 et peuplée d’Ivoiriens nouveaux, c’est possible. Il est d’ailleurs resté en prison jusqu’au verdict final qui l’a innocenté, lui et 12 autres militaires qui n’avaient pas su s’envoyer… Pourtant si le commissaire du gouvernement avait bien fait son travail, ils n’auraient pas perdu tout ce temps en prison…
Quand je vous dis que je ne fais plus palabre là, c’est pour ça là.

Un selfie pour la route? Après le verdict avant de purger sa peine de prison à vie . Crédit Photos Babeth B.
Un selfie pour la route? Après le verdict avant de purger sa peine de prison à vie . Crédit Photos Babeth B.

Je vous mettrai toutes les images sur la fan page du blog.
Shalom !


Port autonome d’Abidjan, tous pour un et rhume pour tous!

Zone portuaire Vridi
Zone portuaire Vridi

Le navire Ivoire en a fini avec l’élection présidentielle, les campagnes furent très édifiantes, les débats télévisés un peu complexes par moments, et certains projets de société nous ont bien niqués! Sans grande surprise, Mon très très Président, le Bâtisseur du pont qui vaut deux mandats, est réélu avec un score qui n’en finit pas de faire jaser les jaloux de sa victoire. Confortablement réinstallé sur le trône présidentiel, qui lui aura coûté la bagatelle de 83, 66 % des suffrages exprimés, il ne boude point son plaisir! Que croyez-vous? Avec ADO, la Côte d’Ivoire « est devant » comme le disent ses thuriféraires, à Abidjan.

Avec ADO, les fonctionnaires mangent à leur faim, c’est la santé pour tous, et l’économie vibre sur haute fréquence. Mais avec ADO, c’est surtout une affaire de routes et de ponts! Le pays est en chantier pour un relooking complet. Une si longue liste de grands travaux et de rénovations que son premier fan le jeune Bédié a fini par le surnommer le grand bâtisseur! Et vous n’avez encore rien vu! Car le président compte bien étonner davantage son peuple! Je ne demande qu’à voir… Il n’y a pas que moi, d’ailleurs! La zone portuaire et ses routes dégradées ne demandent que ça! Une bonne dose de goudron de qualité pour mettre fin au cauchemar des usagers de cette route ferait du bien.

Un retour émergent à la case départ

Le spectacle offert par les principales voies d’accès au port d’Abidjan notamment celles du Chu de Treichville à la zone industrielle de Vridi comme détaillé par la blogueuse Yehni Djidji est des plus prodigieux! Et le mot est bien faible, eu égard aux ambitions affichées par le gouvernement ivoirien, pour ce port qui brasse des milliards et contribue gracieusement au budget de l’État. Être la référence en Afrique ne se réalisera pas à coup de beaux discours.

Mise en bouche à l'entrée de Vridi en venant de Treichville
Mise en bouche à l’entrée de Vridi en venant du Chu de Treichville

L’état de dégradation de la route est tel que l’on aurait peine à croire que la voirie avait été refaite quelques années en arrière. La durée minimale de vie d’une route étant en principe de 15 ans selon les experts, je me demande par quel miracle celle-ci n’aura même pas tenu cinq ans. A qui la faute? Aux intempéries? Aux poids lourds dont le ballet de va-et-vient est désormais inscrit dans le patrimoine de la zone portuaire? Nos grands ingénieurs en travaux publics fabricants de goudron longue durée, n’ont pu prévenir cela? Eh bien, la conséquence est que ce tronçon est le meilleur moyen de rater un rendez-vous, voire même d’endommager votre véhicule. C’est un retour garanti à la case tracas, embouteillages, nids de poules et autres emmerdes, qui doivent arracher des rictus constipés aux nombreuses entreprises concentrées dans cette zone portuaire. Les industriels et autres prestataires, les entreprises pétrolières, les cimenteries, les concessionnaires automobiles à savoir UNILEVER, SANIA,  SHELL, TOTAL, SIMAT AFRICAUTO, SOCIMAT et même le géant Bolloré -qui engloutit sans modération aucune les marchés les plus juteux de Côte d’Ivoire-, pour ne citer que celles-là, doivent certainement rire jaune! Car un tel désastre (c’en est un) dans une zone aussi stratégique a obligatoirement des conséquences néfastes sur l’efficacité de ces entreprises. La journée d’un camionneur dépeinte par Droville en est l’illustration parfaite.

Vridi route portuaire le gravat repend la poussière dans l'air. Crédit photos Babeth
Vridi route portuaire le gravât repend la poussière dans l’air. Crédit photos Babeth

Mais n’allez surtout pas croire que les autorités s’en foutent! Un cocktail de gravats est la solution alternative offerte par je ne sais trop qui depuis environ une semaine aux dires des riverains, en attendant qu’un cœur compatissant se penche sur la cause de cette voie. Pour avoir effectué ce trajet quotidiennement pendant près de six mois, au cours de l’année 2011-2012, je sais qu’elle pose un vrai problème de santé publique.

Cette mixture de graviers et de sable distille dans l’air une poussière ingurgitée à longueur de journée par les pauvres ouvriers et autres camionneurs qui n’ont point de voiture climatisée dont ils pourraient remonter les vitres le temps de passer au frais la route du calvaire; encore moins sortir de leurs boîtes magiques le sésame qui donne accès aux raccourcis offerts par le port à ceux qui en ont les moyens! Cette détresse est certainement l’une des raisons qui a fait s’étrangler le blogueur Abidjanais et pour laquelle le blogueur Daouda Coulibaly n’a pu se contenir.

N’en demandez surtout pas le goût aux usagers! Puisque ce breuvage passe directement des narines aux poumons sans laisser au palais l’occasion d’en apprécier la saveur, comme les narines en apprécient l’odeur. Habituellement cette route est très poussiéreuse mais avec cette poussière additionnelle dont on aurait pu se passer, bonjour les infections pulmonaires, bronchites, méningites, les allergies, les rhumes à répétition et la cerise sur le gâteau, les sinusites avec en prime un défilé gracieux à l’infirmerie! Mais ce n’est pas bien grave! N’est-ce pas?

Qui en est le responsable?

Zone portuaire Rue Inno à droite de Tedis Pharma Camion et autres poids lourds très fréquents Crédit photos Babeth B.
Zone portuaire rue Inno à droite de Tedis Pharma. Camions et autres poids lourds très fréquents
Crédit photos Babeth B.

A qui doit-on crier dans une telle situation? Les camionneurs et autres chauffeurs de taxi avec qui dans mon kpakpatoya j’ai échangé, espèrent que l’Etat fera quelque chose. Mais qui dans l’appareil étatique en a la responsabilité? Ce tronçon d’à peine quelques kilomètres quotidiennement emprunté par les poids lourds et légers des nombreuses entreprises dont les business sont des plus florissants restera-t-il sans solution? Ou l’Autonomie du port autonome d’Abidjan qui est le poumon de l’économie ivoirienne fait-elle peser sur lui la responsabilité de réparer cette voie? Beaucoup d’interrogations, diront certains…. En effet; je ne suis pas une experte en route. Je pose juste des questions…

Je les pose à dessein, car ce port très autonome est placé sous la tutelle du ministère des Transports, du ministère de l’Economie et des Finances et de celui des infrastructures économiques. A moins que les mairies de Port-Bouet et Treichville ne doivent s’en occuper… C’est le cas? A qui doit-on en appeler au juste dans cette affaire? Car cette situation nécessite que quelqu’un mette la main à la poche. Fort heureusement, la rondelette somme de 125 milliards de francs CFA sera bientôt mise à la disposition de l’Etat dans le cadre du 2e contrat de désendettement et de développement (C2D) signé le lundi 2 novembre 2015. Le premier ministre affichant un large sourire affirmait à cette occasion que «l’infrastructure de qualité devrait contribuer à la lutte contre la pauvreté qui reste la priorité de l’Etat».  Il ne croit pas si bien dire!

La réhabilitation de la route du Nord Bouaké-Ferkéssedougou, du pont Félix Houphouët-Boigny, la construction du port de Bettié, dans l’est de la Côte d’Ivoire, sont au menu de l’usage de ces 125 milliards. Il y a même des imprévus, tiens! La réalisation de 14 ponts métalliques, sur des axes ruraux ; 400 km de réhabilitation de routes interurbaines revêtues; plus que quelques mois et toutes ces merveilles, verront le jour ou du moins, un début de réalisation. Génial! La zone portuaire ne fait pas partie des imprévus? Oui? Non? En attendant, qu’est-ce qu’on fait? Dans tous les cas, pour tous ceux qui aiment inhaler la poussière, nous avons une solution pour vous. Tous pour un, rhume pour tous!

Shalom!