J’adore la période électorale. Elle me procure la même sensation que la Coupe d’Afrique. Malheureusement cette année, l’ambiance n’est pas la même. La propagande électorale officiellement lancée depuis 11 jours sur fond de retrait de candidature et d’appel au boycott intéresse visiblement peu les Ivoiriens qui se foutent pas mal des jeux auxquels se livrent les grands seigneurs de la République. La tiédeur de la campagne n’arrange pas non plus les choses.
Il faut bien l’avouer, en matière de campagne électorale, la Côte d’Ivoire a connu mieux tant sur le plan de la communication que sur celui de la mobilisation.
Des slogans peu parlants
Il suffit de faire le tour des slogans prônés par les prétendants à la magistrature suprême, pour réclamer de toute urgence des secouristes à leurs côtés ! Moi j’attendais des slogans qui décoiffent, qui font briller des étincelles d’illusions dans les yeux des Ivoiriens ! Des slogans, dont la seule mention redonne de l’espoir à la veuve et l’orphelin, guéri l’âme des affligés, fait pousser des mains aux manchots, des pieds aux estropiés, redonnent la vue aux aveugles, la voix aux sans voix et ressuscitent même les morts par leur incongruité! Si, si, ça existe ! La Côte d’Ivoire est une terre de miracles n’en doutez point ! Mais je ne vois rien ! Les directions de campagnes sont en panne sèche ou quoi ? Elles traversent un désert ?
Nous sommes bien loin de l’époque où les gbagboïstes convaincus, sillonnaient le pays avec le célèbre « c’est comment commennnnnt, Laurent Gbagbo il est sur terrain, devant c’est Maïs ! Pays-là, c’est comment commennnnt, Laurent Gbagbo il est sur terrain, devant c’est maïs.…» Où ADO-Solution en une seule affiche, transportait directement les Ivoiriens dans une Côte d’Ivoire émergente où coulent le lait, le miel et surtout les milliards !
Pendant que le tout puissant président-candidat, le bâtisseur du pont qui vaut deux mandats, Sa Majesté Ouattara premier sillonne (à nouveau) la Côte d’Ivoire en précédant chacune de ces phrases et promesses de son désormais « Avec Ado », le prince du Moronou, Pascal Affi N’Guessan, président toujours contesté du Front populaire ivoirien (FPI), a trouvé judicieux de marcher sur les traces de François Hollande en arborant sur ses rares affiches dans la ville « Le changement maintenant ».
Charles Konan Banny dit « Banny zéro mort » comme il se baptise lui-même, continue sur le terrain, le travail qu’il n’a pu accomplir à la tête de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR). En vérité il espérait se servir du succès de cette mission pour se poser en réconciliateur et augmenter ainsi sa cote de popularité au plus bas. Malheureusement ce fut un échec cuisant, dont il fait porter la responsabilité au président candidat qui aurait saboté sa mission. Il affirme ne pas savoir être autre chose qu’honnête; ne riez pas hein… « S’unir pour réussir ensemble » est le slogan qu’il a choisi pour fédérer autour de lui, les Ivoiriens aspirants au changement et à la réconciliation nationale.
Une campagne qui a peiné à décoller véritablement parce qu’après de timides meetings et visites dans certaines localités, de l’intérieur du pays, il n’a dévoilé son projet de société décliné en 12 points que le mercredi dernier. A t-il enfin pu rassembler autour de lui ses copains de la Coalition nationale pour le changement (CNC) ? Parce Mamadou Koulibaly président du Lider, initiateur de la CNC après avoir empoché les 100 millions « offerts » par Sa Majesté, qu’il estime être une avance des millions ? Milliards ? Que lui doit l’Etat, s’est tout bonnement retiré pour entamer une campagne de boycott. Son slogan ? #Osons !
La réconciliation, Konan Kouadio Siméon dit KKS, celui qui fait une campagne pédestre, optant pour du porte-à-porte, en a fait comme en 2010, son cheval de bataille avec pour devise le « Neutre réconciliateur ». A cette allure, il n’aura pas parcouru la seule zone de Cocody que les résultats seront connus ! Ses principales armes ? Le refus des 100 millions qui est rappelé à la mémoire des Ivoiriens à chaque spot publicitaire, et sa qualité d’« homme probe ».
Kacou Gnangbo député d’Adiaké, comme tout parlementaire est « Pour le peuple, avec le peuple ». Toujours flanqué de son petit blanc, des trémolos pleins la voix, Il a fermement décidé de ne point donner dans les slogans creux. Libérer l’intrépide Gbagbo de La Haye est l’un de ses ambitieux projets. « Quand je serai élu, on va fêter pendant quatre jours et après, je vais aller libérer Gbagbo». Il est sérieux ?
Il a résolu de commencer sa campagne par convaincre ses amis du Sud-Est où ses affiches foisonnent. Au moins il devrait avoir la reconnaissance des siens et ne pas faire piètre figure…
Que dire des femmes dans cette campagne ? Henriette Lagou, la candidate qui conditionne la paix en Côte d’Ivoire à l’élection d’une femme à la présidence de la République, propose « Une femme pour le changement ». Un changement dans la continuité aussi ? Qu’elle demande à Catherine Samba Panza si le statut de femme à lui seul suffit à ramener la paix et la stabilité dans une nation… « Je m’offre en sacrifice comme Abla Pokou qui a sacrifié son fils » a-t-elle affirmé le jour de l’annonce officielle de sa candidature à la place Figayo de Yopougon.
Sa rivale Kouangoua Jacqueline n’a véritablement commencé sa campagne qu’après avoir reçu les 100 millions pour lesquels elle a, je cite « béni le Seigneur ». Ne me demandez pas ce qu’elle projette; moi-même j’ai du mal à la suivre… Pour ce que je sais, elle veut bâtir une nation forte et faire du bien aux Ivoiriens à travers la réforme de la santé, l’éducation, l’agriculture et le social. Le problème avec tous ces candidats, c’est qu’ils veulent tous réformer, mais ne nous disent pas comment…
N’oublions pas Konan Koudio Bertin dit KKB, le jeune vieux, l’ex-fils bien_aimé du président Henri Konan Bédié, qui n’a de cesse d’inonder les réseaux sociaux pour amener ses followers à faire table rase du pouvoir en place, en pensant à la seule alternative qui se réduit à sa personne. « C’est le moment » est le slogan dont il se sert pour draguer les électeurs.
Mon constat général ? En dehors de Sa Majesté Ouattara premier qui semble avoir mangé du cheval et qui gambade à travers le pays avec les moyens qu’on lui connait, les autres ne sont véritablement pas prêt… Parlons justement de Sa Seigneurie !
Ouattara déroule son rouleau compresseur
Sur le terrain, mon président est littéralement en phase d’étouffer l’adversaire. Accroché au bras de Fanta Gbè sa tendre épouse dont les pas de danse ne cessent de m’émerveiller, Sa Majesté, à bord de son jet privé se déplace plus vite que son ombre. C’est sûr qu’il fera en moins de deux semaines ce qu’il a fait en trois ans avec ses visites d’Etat campagne. Son nouveau concept ? « L‘Ivoirien nouveau ! »
La ville d’Abidjan est inondée d’affiches publicitaires chantant ses ponts, ses routes et ses nombreux bienfaits envers ses sujets. Le candidat qui a lancé sa campagne à Yamoussoukro en hommage à Felix Houphouët-Boigny, fait la navette entre la capitale économique et l’intérieur du pays. Drainant la foule à chacune de ses étapes. Tellement assuré de gagner que la direction de campagne du RHDP coalition politique qui le soutient, a fait fondre comme neige au soleil, le budget de certains DDC et DLC.
Quand on lui pose des questions embarrassantes sur ses échecs, notamment, l’emploi des jeunes, à qui il prétend avoir offert deux millions d’emplois (quand deux ans en arrière il confiait ne pas pouvoir atteindre le million d’emplois), la cherté de la vie, la santé et la réforme de la justice qui a vraiment souffert sous son mandat, il applique la bonne vieille tactique du « ce n’est pas de ma faute » si chère à Laurent Gbagbo.
Face aux électeurs le 13 août dernier, l’on aurait cru entendre les lamentions du Woody de Mama en 2010, qui répétait à l’envi, que ses échecs dans sa gestion des affaires étaient le fait de « la guerre », une guerre que lui a imposée pendant dix longues années Saint Soro Guillaume et ses compagnons de kalachnikovs. La performance de Sa Majesté, candidate à sa propre succession, en la matière a tout bonnement surpassé celle du locataire de La Haye.
Le président qui est « satisfait » de ses ministres, mais « pas encore satisfait » a répété à maintes reprises avoir trouvé un pays en « totale déconfiture, en ruine, un pays quasiment en banqueroute… Le pays était dans un état catastrophique dans tous les secteurs… La Côte d’Ivoire était dans un état de quasi-arrêt… Le taux de chômage était parmi les plus élevés au monde… ». Je donnerais cher pour savoir ce que Gbagbo Laurent en a pensé moi…
Face à lui, ses adversaires peinent à se rassembler sur l’ensemble du territoire. A Abidjan, outre les affiches de la CEI, seuls Affi N’guessan, Charles Konan Banny et KKB ont des panneaux d’affichage à leur effigie sporadiquement…
Hélas, Affi N’guessan et ses camarades sont bien sur le terrain, mais l’adversaire semble avoir une bonne longueur d’avance et surtout les moyens de sa politique. Il aurait apparemment fallu offrir plus que 100 millions à ces derniers !
Allez faites vos choix mes chers compatriotes c’est pour ce dimanche les élections ! Allez voter heinnn…. Heummm
Shalom !
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