« Tu peux perdre l’argent en suivant une femme. Mais tu peux jamais perdre une femme en suivant l’argent… » C’est le dernier son du célèbre groupe « Espoir 2000 », sur lequel les adeptes du Zouglou transpirent et s’égosillent.
La première fois que je l’ai entendu, j’étais assise dans la luxueuse caisse d’un vieux père à moi, comme on dit chez nous. Il m’avait invitée à manger dans l’un de ces restaurants que ma poche de juriste reconvertie en journaliste-blogueuse ne peut m’offrir. Ces restos dont l’addition est si scandaleuse, qu’indigné et à la limite de la syncope, voire de l’infarctus, vous poussez cet inaudible cri d’offusqué :
– Djo ! Il va fallait me donner l’argent là j’allais faire autre chose tchè ! J’ai mangé, je suis rassasiée, ma poche est vide ! Ingrate va !
Il met donc cette chanson et me demande : « Est-ce que c’est faux ? » Ayi !
– Tu veux dire que MOI je T’AIME bien pour ton ARGENT et les bons plats que tu m’offres ou comment ? Mama agression morale !
S’engage ensuite un long débat sur l’amour intéressé, désintéressé, ré-intéressé et tous ces théorèmes romanesques et idylliques que seule la cervelle humaine produit à foison.
Mais ce que j’ai retenu de ces échanges qui veulent que la femme, n’aime que le mec qui pue les billets de banque, ce sont ces stéréotypes, qui malmènent nos vies. Parcourons-en quelques uns :
Les clichés sexuels
Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Ces clichés qui commandent que la femme qui trompe son mari soit une traînée et que l’homme pénètre tous les jupons et écarte toutes les cuisses, en plus de celles de « madame », soit un mec, un vrai ! Un garçon pile quoi. Cette théorie qui soutient que le » nègre » en ait une plus grosse que le Blanc… Euye ! Je reprends pour les âmes hypocritement sensibles : cette théorie qui soutient que le Noir est sexuellement mieux doté par mère Nature que le Blanc, me cassent les bombons ! (Les femmes ont le droit de dire ça ?)
Tenez ! Chez nous, en Côte d’Ivoire, il se raconte que les femmes appartenant à l’ethnie baoulé, en plus d’être les sources indéfectibles du brassage ethnique ivoirien, seraient les principales pourvoyeuses des beautés café au lait, dites mulâtres, si fières d’avoir du sang de Blanc.
Parce qu’à ce qu’on dit, nos femmes baoulé, ne « trient pas garçons ». Elles sont les dociles réceptionnistes des « biscuits » tous azimuts ! Elles s’abreuvent à toutes les sources ! Quoi ? Vous ne comprenez toujours pas ? Hey ! C’est-à-dire qu’elles farfouillent dans les slips de toutes les nationalités. Y compris celles que « l’Ivoirienne digne de ce nom n’accepterait point dans son lit ». Si, si, il fut un temps où laisser certaines nationalités pénétrer, même partiellement, l’antre de son jardin secret équivalait à se dévaloriser… Je fais juste du pkapkatoya hein…
Ce n’est pas tout ! On dit que les gens de l’Ouest précisément les Gouros aiment faire l’amour. C’est tout un art chez eux ! Ils sont dragueurs, vigoureux, endurants et bien montés. Mais le plus important ce sont des dieux ! Des djeddaï du sexe ! Tchiéé ! Pas étonnant que les vieux « nègres », dont la mort érectile a été cliniquement déclarée, mâchouillent désespérément les cure-dents gouros dans l’espoir de s’immerger à nouveau, dans les délices du kamasutra. Pitiéééé !!!!
Je m’arrête là. Avant de me faire épingler par la police des mœurs.
Les clichés professionnels
Tu croises un vieil ami de classe. Tu lui poses la question de savoir ce qu’il fait, le gars, le sourire gêné te dit qu’il se débrouille quelque part dans une structure de la place. Tu comprends clairement qu’il vient de te dire « give me a break ». Mais comme tu es mauvais, tu prends ton air chafouin, tu insistes, le cuisines et finis par l’avoir à l’usure.
Il te dira avec un sourire penaud : « Je suis secrétaire » ! Comme si c’était un échec ! Tout simplement parce qu’on lui a injecté dans le crâne le poison subliminal qui dit que le secrétariat est un job de femme. Le pire dans tout ça, c’est que toi-même tu pouffes en sourdine de rire en entendant son métier ! Les mecs, c’est la science, ce sont les maths ! Les femmes c’est la littérature ! Esprit rétrograde ! Et dire que ça persiste encore dans certaines mentalités…
Quand ce n’est pas ça, on ouvre de grands yeux en voyant les dames conduire les autobus surchargés de la Sotra parce qu’elles sont supposées paniquer toutes les deux secondes et nous jeter du pont Felix Houphouët-Boigny directement dans la lagune Ebrié. Elles sont par conséquent obligées, de se faire respecter en se donnant un air de dures et en mastiquant grossièrement leur chewing-gum. Le tout, assorti à une démarche à la garçonne.
Les clichés du mariage
Je ne sais pas comment ça se gère sous vos tropiques. Mais chez nous, pour avoir un mari, il faut s‘y prendre tôt ! N’ai surtout pas la « mauvaise idée » de glaner les diplômes avant d’avoir ton doubeï, ton petit gars quoi ! Sinon les problèmes à l’horizon.
Un apprenti gentleman en un regard furtif a déjà fait de toi la femme de sa vie. Il te demande ce que tu fais dans la vie. Fièrement, tu étales ton curriculum vitae. Pendant les causeries, c’est toi qui joues à la femme savante. Si tu es haut placée, c’est mort! Il se demandera pourquoi une belle femme, bien placée comme toi, à quarante ans, n’a pas de mari ? Tu as forcément un mauvais comportement. Si tu as fait des études de droit, c’est fichu ! Attends-toi à cette réflexion que j’entends souvent :
– Ah ! C’est vous qui connaissez vos droits là ? Vous là, vous parlez trooooop dans foyer.
Conclusion immédiate de cette remarque : vous allez vous amuser, vous dépanner, vous faire mutuellement du bien, mais pour ce qui est de l’anneau à l’annulaire gauche, ma sœur, dream again !
Et comme notre société veut que la femme respectable soit celle qui est mariée, tu es complexée. Tu as quarante-cinq ans, tu es célibataire, on t’appelle mademoiselle, tu te fâches ! Ayi ? Tu te défoules sur les pauvres employés qui sont obligés de te donner un statut que tu n’as pas, en t’appelant « Madame ». Va te plaindre chez le banquier qui met mademoiselle sur tes documents là !
Mais ce n’est pas notre faute. C’est la société, qui chaque jour nous complexe avec des clichés. Elle nous donne une opinion arrêtée des gens, avant même de les côtoyer. Quel dommage.
On ne peut sonder une personne sur des préjugés, des « on-dit » ou de stéréotypes. Juger une personne nécessite à vrai dire qu’on la côtoie au jour le jour. Et même là, ce n’est pas gagné.
Il, que faire sa propre expérience des gens. Car nos appréhensions peuvent être balayées en une fraction de causerie…
Shalom !
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