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La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire reprend la lutte

Marche de protestation FESCI;  Crédit Photo Yssouf Sanogo

Pour un grand nombre, c’est une fédération voyou, peuplée d’arsouilles, qui depuis 1990 en aura fait baver les braves et bonnes gens. Kouadio Konan Bertin dit KKB, ex député sulfureux, grande gueule au sang chaud, dira en 2011 à l’occasion de la chute du régime de l’intrépide Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien et au changement du pouvoir politique, que la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) est « une association de bandits, qui a fait de la loi du plus fort son seul moyen d’expression ».

Pourtant, les membres de la FESCI ne voient pas leur fédération sous cet œil ! Elle, qui naquit sous le bienveillant regard de Dieu et fut investie de la sacro-sainte mission de délivrer les élèves et étudiants des griffes de plus forts qu’eux, ne saurait être une organisation malfaisante. « La FESCI est née à l’église Sainte Famille de la Riviera 2 le 21 avril 1990. Naître à l’église, c’est naître de nouveau… La FESCI était l’espoir d’une lutte pour la démocratie, pour le pluralisme syndical, pour le multipartisme, pour la démocratie vraie… » m’avait confié son chargé de communication S. K.  Kouamé qui m’avait accordé un rendez-vous le 20 septembre dernier suite à la crise qui a récemment opposé la Fédération estudiantine au gouvernement. Vous savez bien que j’aime fouiner…

C’est dans l’enceinte de la Cité rouge, résidence universitaire sise dans la Commune de Cocody, occupée aux premières heures de la chute du régime de Laurent Gbagbo par la milice pro-Ouattara, mais restituée aux étudiant depuis 2015, que m’accueille mon contact que je nommerai Fred, puisqu’il refusera de me donner son nom, pour cause de… Disons… changement de protocole…  On n’est très très prudent à la FESCI.

Bras de fer contre les autorités ivoiriennes

Au sein de la FESCI, certaines habitudes n’ont pas beaucoup changé. La révérence envers les plus gradés et le salut militaire ont toujours pignon sur rue. Quant aux surnoms truculents, ils sont plus que jamais à la page ! A couteaux tirés avec le gouvernement ces dernières semaines, la Fédération est au cœur de l’actualité pour avoir organisé les 13 et 18 septembre des marches de protestations contre le coût élevé des frais d’inscription dans les lycées et collèges ; augmentation que démentent les autorités gouvernementales qui ne tiennent pas compte pour ce démenti des frais annexes d’inscription qui contribuent allègrement à augmenter lesdits frais.

Dans la cour de la cité, les capsules des bombes lacrymogènes, vestiges des représailles menées par la police, suite à cette marche, sont entassées au centre du terrain de basket-ball… 40 étudiants en détention préventive, croupissent dans les geôles de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) suite à ces protestations.

(La vidéo intégrale de cette attaque de la cité rouge en fin d’article)

A l’avènement de l’empereur Alassane Ouattara, l’actuel président de la Côte d’Ivoire, la mise hors d’état de nuire de la FESCI était une ambition personnelle des autorités ivoiriennes. Un vieux dicton chez nous, dit que « chacun a son terminus ». L’État ivoirien était de toute évidence résolu à démontrer aux caciques de la Fédération Estudiantine de Côte d’Ivoire, la véracité de ce dicton en mettant un point final à ce syndicat à la réputation sulfureuse. Et pourtant…

La FESCI en dépit du profond désert qu’elle a dû traverser, résultante de toutes ces années d’impunité et de son positionnement politique depuis l’avènement du multipartisme jusqu’à la crise post électorale, à laquelle elle avait pris une part active en soutenant armes en main l’intrépide Gbagbo, demeure au cœur des luttes estudiantines. Sa dernière action a d’ailleurs abouti à une plainte portée par la toute puissante ministre de l’Education Nationale, promue Secrétaire Générale du RDR (parti au pouvoir) Kandia Kamissoko Camara, contre le Secrétaire Général de la FESCI Assi Fulgence.

Carnet de revendications

Hormis le prix des frais annexes d’inscription (pédagogie, cotisation exceptionnelles, tableau et salle de professeurs, balais, paquets de rames, papier hygiénique…), qui diffèrent d’un établissement public à l’autre et qu’elle assimile à un vol organisé, le principal syndicat des étudiants exige :

  • La restauration des sessions de remplacement pour les examens à grands tirages (BEPC, Baccalauréat) pour les élèves (notamment brillants) n’ayant pas pu passer leurs examens pour des cas de force majeures ;
  • La suppression des comités de gestion des établissements scolaires (COGES), dont ils ne voient pas l’utilité ;
  • La restauration des bourses (outils d’excellence) pour les élèves…

Elle assure avoir moult fois tenté la voie pacifique en sollicitant une audience auprès de la ministre de l’Éducation Nationale sans jamais obtenir gain de cause. La suite on la connait…

Ange ou démon, la FESCI qui assure désormais n’avoir d’yeux que pour des revendications sociales reste toujours debout et poursuit son action qu’elle compte bien mener à son terme. La preuve elle a bien arraché une audience à la ministre de la Solidarité, de la femme et de la Protection de l’Enfant, Mariétou Koné et suspendu son mot d’ordre de grève… « Quand tu es dans le vrai, on va beau te critiquer, tu es là… Notre parti politique c’est la FESCI, notre tout c’est la FESCI on laisse les gens dans leurs préjugés, nous on sait orienter le combat là où il faut l’orienter on sait l’engager là où il faut l’engager ». M’indiquait mon interlocuteur ; le chien aboie, la caravane passe ! Fidèlement transmis… aux « haters » !

Shalom!


L’interview imaginaire d’Henri Konan Bédié

Henri Konan Bédié président du PDCI-RDA

C’est dans sa gigantesque et somptueuse demeure sise à Daoukro, que monsieur Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, ancien président de Côte d’Ivoire, me reçoit. Il avait été éjecté un 24 décembre, en deux temps trois mouvements, du fauteuil présidentiel qu’il affectionnait tant, par le balai magique d’un certain Guéi Robert, général putschiste, rebaptisé par les ivoiriens « Guéi Noël ». Ne le cherchez pas. Il n’est plus… RIP.

Je le retrouve dans son salon privé, sirotant un verre de vin avec un plaisir limite orgasmique, un Romanée Conti Grand Cru, offert par son jeune frère Alassane Ouattara, en guise de remerciement pour l’appel de Daoukro, qui lui a permis d’obtenir un second mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Quelle reconnaissance ! L’homme vénère le vin, il lui voue un amour inconditionnel. C’est connu de tous ! Dans sa main gauche, un cigare « El Behike » de la célèbre marque Cohiba, l’un des plus cher au monde. Commandé spécialement à Cuba sur initiative de sa chère et tendre épouse Bomo qui, depuis toutes ses années de vie commune, connait bien les goûts de son homme.

Il m’invite à prendre place en face de lui.

Humeurs Nègres : Bonjour Monsieur le Président.

Henri Konan Bédié : (Il lâche une fumée en l’air et me répond entre deux gorgées de ce merveilleux cru qu’il tient en main) Bonjour madame…

HN : C’est mademoiselle…

HKB : Peu importe…

HN : (Je suis choquée ! Mais je garde mon calme) Comment se porte le PDCI-RDA ?

HKB : Comme un charme…

HN : En êtes-vous sûr ?

HKB : (Le visage se crispe, signe que l’homme contient son agacement naissant) Venez-en au fait !

HN : J’ai l’impression que, depuis l’appel de Daoukro, lancé de manière unilatérale – et ce à la surprise générale – en septembre 2014 lors de la visite du président Alassane Ouattara dans le Iffou,  (appel proclamant ce dernier candidat unique du RHDP (Coalition du parti au pouvoir) et donc par ricochet du PDCI-RDA)

, plus rien ne va ! D’ailleurs que s’est-il passé ce jour-là ? (Le vin vous était monté à la tête ? Je n’ose pas l’exprimer audiblement, j’ai trop peur !)

HKB : Mademoiselle, lâche-t-il, quelque peu agacé par cette question un peu trop directe. Il n’y a rien à expliquer. Mon jeune frère Alassane a accompli des prouesses et des merveilles pour la nation, il ambitionne de nous rendre émergeant d’ici 2020. C’est l’homme de la situation. En plus, il a donné mon nom au troisième pont ! Ça se récompense !

HN : Par le sacrifice du PDCI à l’autel du Rassemblement des Républicains (RDR) ?

Il tire une bouffée de son cigare couteux, les yeux rivés sur son jardin et ne pipe mot.

Après un moment d’hésitation, je poursuis mon interview…

HN : Les élections législatives sont prévues pour ce dimanche 18 avec des centaines de candidats indépendants issus des rangs du PDCI. Pour cause, ils ne digèrent pas le rejet de leurs candidatures par le parti, qui privilégie constamment la candidature de cadres qui sévissent au sommet de l’Etat et dans les institutions depuis des décennies. N’est-ce pas un signe de mal être ?

HKB : Je n’ai qu’une chose à leur dire.  Qu’ils se ressaisissent et rejoignent les rangs…

HN : Sinon ?

HKB : Ils en subiront les conséquences. De plus, j’ai bien demandé à Guikahué, le secrétaire exécutif du parti, d’avertir la base. Je ne veux voir aucun jeune soutenir un candidat indépendant ! La parole du chef est sacrée. Je suis un Akan : le respect du chef avant tout…

(J’ai du mal à contenir le rire qui m’étrangle… il s’en doute d’ailleurs)

HN : En effet, j’ai lu cette déclaration. C’est d’ailleurs celle-ci qui motive cette entrevue. Mais qu’en est-il alors de l’idée de porter la jeunesse dans les institutions, de lui laisser de plus en plus de place dans le parti ?

HKB : Il y a les jeunes vieux et les vieux jeunes… Tout dépend de la manière dont on voit les choses ! J’ai 81 ans mais je suis jeune. Demandez au soldat perdu KKB, il en sait quelque chose.

HN : Ça veut dire ?

HKB : Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !

HN : Mais, vous n’avez pas peur que la base du parti ne se révolte et ne désavoue votre choix ? Elle grogne de plus en plus et exprime désormais sa colère face à un parti qui n’a cure de son bien-être et ne la considère que comme un bétail électoral.

HKB : Je vais vous répéter ce que j’avais déjà déclaré lors du premier bureau politique après le 12ème congrès du PDCI RDA. On entre en politique comme on entre en religion. On oublie trop souvent qu’un militant est un soldat et que le soldat obéit d’abord à sa hiérarchie avant même d’interroger celle-ci. La discipline, dit-on, est la force des armées. Comment peut-on réussir une opération s’il y a plusieurs centres de commandement, si l’on se sent libre d’obéir ou pas ?

HN: Wohhh! J’avais oublié que vous étiez un grand sage ! Mais…

HKB: Ca suffit (Coupe t-il sec) ! Vous pouvez disposer. Il retourne à son vin sans me jeter un seul regard

HN: Mais…

HKB: C’en est assez jeune fille!

A ce moment précis, entre Adjoumani, le fidèle parmi les fidèles. Il apporte du champ’ qu’il cultive spécialement pour l’ex-président des ignames, pour un bon plat d’Akpessi.  Hmmmm j’en ai l’eau à la bouche…

Mais congédiée, je dois m’en aller… Mince il pleut!

Shalom!


Législatives 2016, les baratineurs de la république dans les starting-blocks !

Georges Ouegnin soutenant sa fille aux dernières législatives
Georges Ouegnin soutenant sa fille aux dernières législatives Crédit photos AFP

La politique, c’est comme partir à la conquête d’une vierge qu’on n’aime pas… Vous-même vous savez,  heumm ! Les courtisans, enjôleurs nés, n’hésitent pas à promettre monts et merveilles, pour se frayer subrepticement, un sentier entre ces cuisses chastes, que dis-je ! Immaculées ! Et s’abreuver a cette source virginale. S’arrogeant ainsi la  primeur du nectar… Une ambroisie d’autant plus prisée que les vierges de nos jours, sont aussi rare que les cheveux sur le crâne dégarni d’un chauve. Eh bien ! Il en va ainsi de la politique. Elle regorge d’hommes séducteurs, susurrants aux oreilles du peuple des paroles douceâtres, dont ils savent pertinemment qu’elles sont une pierre d’achoppement. 

Le premier en lice ? Mon président, l’empereur Ouattara II, le Guide ivoirien ; toujours licolo ; continuellement imité, mais jamais égalé. Je crois avoir moult fois fait étalage, éhontément d’ailleurs, de l’admiration que j’ai pour lui. Oui ! Ado solution moi je l’aime bien. Ses discours donjuanesques, sont l’une des principales qualités qui me font frémir d’amour pour lui. Car parfois, en l’écoutant, je me demande s’il vit dans la même Cote d’Ivoire que moi…

Quand Ado s’indignait

Le 1er mai 2016, entre deux promesses, sous une standing ovation, l’empereur Ouattara II vitupérait contre la hausse du coût de l’électricité, dont au passage il ignorait… Tout ! Comme d’habitude !

Il promettait même sous les hourras des adorateurs, claquant bruyamment des doigts, que ledit coût baisserait, dans la mesure où l’impétueuse Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE), n’avait pas appliqué les décisions du gouvernement et avait procédé à des augmentations injustifiées. «L’augmentation des prix au-delà de 5% n’était pas ce que nous avions décidé. Cela est inadmissible. J’ai donc décidé de l’annulation pure et simple de l’augmentation de janvier 2016… Les factures seront corrigées et le trop perçu sera rendu à tous les abonnés ou étalé sur une période, en déduction de vos prochaines factures d’électricité. » Et pour boucler la boucle, il avait déchaîné ses auditeurs en déclarant sentencieusement : « Il faut mettre fin au monopole de la CIE et de la SODECI ». C’est irréfragable! L’empereur Ouattara II sait bien comment toucher le petit cœur suprasensible de ses sujets !

Il était ainsi évident pour ces populations euphoriques, qu’elles reposeraient les mois à venir dans de verts pâturages, broutant l’herbe verte et s’enivrant à la source du Guide ivoirien, dont les promesses s’accomplissent … Presque toujours…

Pour une surprise…

La grâce impériale tant attendue par les applaudisseurs infatigables, qui croient sans avoir vu, affichant ainsi leur différence d’avec Thomas qui exigeait de voir le Christ avant de croire en sa résurrection, a plutôt sonnée comme un coup de grâce !

Un coup de théâtre auquel les sceptiques comme moi bien entendu s’attendaient ; mais que les acclameurs universels n’ont point digéré. Deux factures en moins de trois semaines d’intervalle dont l’excès de sel, laisse les populations sans goût. Tant et si bien que les rouspétances habituellement cantonnées dans les salons, se sont purement et simplement déportées dans les rues. Des marches de protestations contre la CIE dans plusieurs villes ivoiriennes, Yamoussoukro la capitale en tête.

Ceux qui avaient applaudi à bras déployés le discours très accrocheur et séducteur de l’empereur lovelace, tout comme ceux qui n’y ont accordé le moindre crédit, ne sont pas du tout contents et comptent bien le faire savoir pour le plus grand bonheur des casseurs et des pilleurs qui joyeusement sont sortis de leurs bauges.

En effet, ces marches de protestations ont tôt fait de virer aux pillages en tous genres (banques, mairies etc.) ; si bien que j’ai fini par m’interroger sur les réelles motivations des marcheurs.

Le bruit fut assez retentissant pour faire reculer d’un petit pas la Compagnie Ivoirienne d’Electricité, mais la faire rebondir de cinq grands pas ! Les nouvelles factures se signalent déjà… Une chose est certaine ! Protestations ou pas, elles seront toutes honorées ; car d’une manière ou d’une autre, la CIE percevra son dû ! Et nos politiques alors que la grogne monte de plus en plus, continuerons vendre aux populations une Côte d’Ivoire ou tout va bien même si celles-ci crèvent de faim; le tout sur fond de louanges a l’empereur. Mais on s’en fout ! Comme le souligne Eric Fottorino les enjeux de pouvoir sont de ceux qui vous font perdre des amis et gagner des courtisans…

Pendant ce temps-là…

Les législatives approchent à grands pas. Comme à chaque élection, les élus régionaux et autres cadres multiplient les actions sociales dans leurs fiefs, histoire de s’assurer pour les uns une réélection et pour les autres une élection. A Port-Bouët, deux ambulances ont d’ailleurs été offertes par un certain ministre qui ambitionnerait de s’y présenter comme député… heumm si c’est vrai, ça va se savoir…

Des réunions sont organisées avec la base des partis politiques, qui n’en finissent pas de se plaindre d’abandon de la part des cadres « qui mangent seuls » et ne permettent même pas aux pauvres de grignoter les miettes qui tombent de leurs tables.

A l’intérieur du pays on en fini plus d’honorer les chefs de villages. Dans le secret espoir qu’ils donnent des consignes de votes ? C’est malheureusement la coutume dans ce pays.

Et moi tous les soirs, je joue à la martyre en m’infligeant le JT de 20h de la RTI1 qui fait le tour de toutes ces opérations séductions au lieu de traiter les vraies questions d’actualité…

Au milieu de ce tumulte, en face (terme désignant l’opposition), on se frotte les doigts ! Ces mouvements d’humeurs de plus en plus récurrents, face  à la cherté de la vie,  aux difficultés rencontrées à l’université, au chômage et j’en passe, donnent du grain à moudre a l’opposition. Il y a sans aucun doute matière à battre campagne. Brandir l’argument massue qui consiste à rappeler que sous Gbagbo, tout n’était pas rose « mais on trouvait un peu pour manger quand même » comme disent certains histoire des s’offrir un siège à l’assemblée nationale… Ça c’est ma Cote d’Ivoire elle est belle n’est-ce pas ?

Shalom !